🟥 KNAFO, LA FRANCE, ET LA GUERRE PACIFIQUE : LA NOUVELLE-CALÉDONIE NE SERA PAS VENDUE
Ce 3 juin 2025, à 08h07 précises, Sarah Knafo publie un message sur X. Une phrase courte, sèche, ciselée comme une sentence. “Nos intérêts, autant que nos principes, nous commandent de soutenir les Calédoniens qui ont choisi de rester Français.” Le ton est posé. Mais le sous-texte est explosif. Dans une France anesthésiée par les jeux de mots mollement technocratiques de la macronie, ce rappel frontal à l’intérêt national sonne comme un coup de clairon. Car ce qui se joue en Nouvelle-Calédonie dépasse de très loin le sort d’un archipel. C’est l’idée même de la souveraineté française qui est en question. Ce que Sarah Knafo remet dans le débat, c’est une vérité que l’on n’ose plus dire : la France n’a pas à négocier son intégrité. Ni à sous-traiter ses peuples. Ni à mendier le pardon colonial à ceux qui la haïssent mais veulent garder les subventions.
Depuis des années, la Nouvelle-Calédonie vit sous perfusion d’ambiguïtés. Trois référendums, trois rejets de l’indépendance. 2018 : 56,7 % contre. 2020 : 53,3 % contre. 2021 : 96,5 % contre — mais boycotté par les indépendantistes. Et pourtant, rien ne semble jamais suffisant pour clore le débat. À chaque “non”, le gouvernement invente un “peut-être”. À chaque vote clair, Paris reconvoque la complexité. La République n’impose plus sa continuité : elle la négocie. Et elle finit par perdre le respect de tous. D’un côté, les loyalistes, souvent d’origine européenne ou métissée, humiliés d’avoir à revoter encore et encore pour rester Français. De l’autre, les indépendantistes, essentiellement issus des communautés kanak, qui n’acceptent aucun résultat qui ne les consacre pas. Entre les deux, l’État recule, temporise, abdique.
Sarah Knafo, elle, tranche. Elle prend parti. Elle dit : il faut soutenir ceux qui veulent rester Français. Pas en théorie, pas en palabres, mais en actes. Car derrière cette phrase, il y a une réalité géopolitique que les technocrates évitent comme la peste : la Nouvelle-Calédonie est un joyau stratégique. Son sous-sol regorge de nickel — 25 % des réserves mondiales —, un métal-clé pour les batteries, les voitures électriques, la transition verte rêvée par l’Europe. Dans un monde où les terres rares sont la nouvelle monnaie de la puissance, abandonner la Nouvelle-Calédonie reviendrait à scier la branche industrielle sur laquelle la France tente de se raccrocher.
Mais ce n’est pas tout. L’archipel est aussi une plateforme militaire essentielle. Il permet à la France de projeter sa puissance dans l’Indo-Pacifique, au moment précis où la Chine avance ses pions dans toutes les îles de la région. Perdre Nouméa, c’est perdre le monopole français du rapport de force dans le Pacifique sud. C’est donner à Pékin un angle d’attaque directe sur nos intérêts maritimes. Et c’est envoyer un message mondial : la France n’a plus les moyens de sa présence.
Mais Knafo n’est pas qu’une géopoliticienne : elle parle aussi de principes. Et là encore, la clarté tranche avec la novlangue habituelle. Car le “principe” républicain n’est pas l’autoflagellation perpétuelle. Il n’est pas l’acceptation molle de tous les séparatismes. Il n’est pas la repentance automatique sur l’histoire coloniale. Le principe républicain, c’est d’assumer que la France est une nation qui a le droit de durer. De dire non. De choisir ses alliances. De défendre ses citoyens. De dire à ceux qui veulent partir : partez. Mais ne demandez pas à garder la carte Vitale. À percevoir les aides. À encaisser les subventions sans respecter l’État qui les verse. Il y a, dans le discours de Knafo, une exigence : celle de rétablir la logique. Si vous choisissez de rester Français, la France vous doit protection, sécurité, développement. Si vous choisissez de partir, alors partez, mais ne gardez pas un pied dedans, un pied dehors.
Et c’est peut-être là le point le plus explosif de son message : elle refuse la zone grise. Depuis trente ans, la Nouvelle-Calédonie vit dans une ambiguïté entretenue : ni tout à fait indépendante, ni tout à fait intégrée. L’accord de Nouméa (1998), censé être transitoire, est devenu un entre-deux perpétuel. Un “processus” sans fin. Une marche sans destination. Et pendant ce temps, les fractures sociales s’aggravent. Les tensions ethniques s’exacerbent. Les Kanaks sont encore sous-représentés dans l’économie et les institutions. Les “Caldoches” se replient sur leurs réseaux. L’école est française, mais les frustrations sont locales. Les violences éclatent par vagues. L’instabilité devient un mode de gouvernement. Paris gère l’archipel comme un sous-dossier : sans vision, sans projet, sans fermeté.
Knafo, elle, propose une rupture. Elle annonce vouloir formuler des propositions. Et si l’on suit sa logique, elles seront probablement structurées autour de trois piliers. Premier pilier : réaffirmation de la souveraineté. Cela passe par un statut clair, définitif, qui entérine le refus de l’indépendance et inscrit la Nouvelle-Calédonie dans la Constitution comme territoire inaliénable de la République. Deuxième pilier : rééquilibrage économique ciblé. Il ne s’agit pas de subventionner tous azimuts, mais de construire un écosystème où les loyalistes ne soient plus en position défensive et où les Kanaks aient accès réel à la formation, à la propriété, à la mobilité sociale. Troisième pilier : stratégie indo-pacifique assumée. La France doit faire de la Nouvelle-Calédonie une base majeure de sa stratégie maritime. Y renforcer sa présence militaire. Y installer des partenariats technologiques. Y développer une économie tournée vers l’Asie, sans tomber dans la dépendance chinoise.
Ce que Sarah Knafo réintroduit dans le débat, c’est la colonne vertébrale. Le refus du flottement. La sortie du relativisme. Et au fond, un retour à la politique comme choix tranché. En soutenant les Calédoniens qui veulent rester Français, elle fait bien plus que défendre un territoire : elle défend une idée. Celle d’une France qui ne cède pas centimètre par centimètre à la décomposition. Une France qui n’a pas honte de durer. Une France qui refuse d’être balkanisée au nom du respect des différences. Et qui répond, à ceux qui posent la question de l’indépendance, par une autre question : êtes-vous prêts à vivre sans la France ?
Ceux qui voient dans Knafo une simple communicante découvrent ici une stratège. Une femme d’État. Une voix qui ne recule pas devant les clivages. Et qui, dans un monde où tout se relativise, affirme ce que peu osent encore dire : la France n’a pas à s’excuser d’exister.
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